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Dans la revue XXI, n°20, octobre 2012
Le diplomate du 9-3
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Tous les lundis matins, Harry Marne tient sa permanence à Drancy. Il reçoit au Point d’Accès au Droit, dans un local aux murs blancs et anonymes mis à disposition par la mairie. Ses services de conciliateur de justice sont libres – personne n’est contraint de se présenter – et totalement gratuits. Une fois par mois, il reçoit aussi au tribunal de Bobigny des personnes qui lui sont adressées directement par le juge d’instance.

Depuis qu’il est à la retraite, Harry Marne, 70 ans passés mais en très grande forme, s’est fait bénévolement conciliateur. Bénévole ne veut pas dire amateur ni dilettante, loin de là. Il prend très au sérieux sa mission de diplomate de proximité et s’investit avec la même ardeur dans l’association nationale des conciliateurs dont il est devenu président 2007. S’il a choisi la Seine Saint Denis, ce n’est pas par commodité : depuis son domicile près de la Tour Eiffel, il lui faut plus d’une heure de trajet pour s’y rendre, aussi bien en voiture que par les transports en commun. Ni par goût de la facilité.

Pour avoir longtemps vécu à Rosny sous Bois et avoir longtemps travaillé à Air France à Roissy, il s’est attaché à ce département qui concentre tant et tant de problèmes sociaux : échec scolaire, pauvreté, intégration. « J’ai été dix ans conciliateur à Rosny sous Bois. Un poste était à pourvoir à Drancy. Parmi les collègues, il n’y avait aucun candidat car c’est mal desservi. Les autobus de banlieue, ça décourage même les meilleures volontés. Moi, cela ne me dérange pas et j’ai accepté la proposition du maire de Drancy ».

La commune, quoique relativement petite avec 67 000 habitants, résume bien les caractéristiques de la Seine Saint-Denis. Elle se classe dans les 20% des villes les plus pauvres de France et le logement collectif, essentiellement social, l’emporte sur la maison individuelle. Ajoutons à cela que le chômage touche 17% de la population dont beaucoup de jeunes, que l’âge moyen des habitants des pavillons est nettement supérieur à celui des HLM, qu’une soixantaine de nationalités se croisent quotidiennement dans les autobus et les RER et l’on aura une petite idée des multiples tensions qui peuvent s’accumuler en une seule journée à Drancy, banlieue ouvrière naguère communiste.

Les élus municipaux, toutes tendances confondues, ne pouvaient que se réjouir de l’arrivée d’un conciliateur bénévole. Mais ce n’est pas pour faire plaisir à un parti ou à un élu que Harry Marne se lève de bonne heure le lundi matin. Ni pour l’argent, on s’en doute. L’indemnité annuelle d’un conciliateur censée couvrir ses frais de transports, de timbres et de téléphone se monte à 232 euros.

Harry Marne se définit comme un spécialiste du dialogue. Chez Air France, il a longtemps été en charge des rapports avec les syndicats. « Des préavis de grève, j’en ai reçu des dizaines sur mon bureau. Mais on peut toujours dialoguer. » Méthodiquement, car tout ce qu’il entreprend, il l’entreprend avec méthode, il s’est formé aux relations humaines, à la négociation, à la communication et au droit, mais il admet qu’il avait pour cela une véritable vocation. Plus en tout cas que pour l’ingénierie électronique, son premier métier.

Conformément au décret du ministère de la justice qui encadre leurs missions, les conciliateurs de justice traitent de petites affaires civiles : factures contestées, conflits de voisinage, litiges entre propriétaires et locataires, conflits opposant un consommateur à un professionnel, difficulté dans le recouvrement d’une somme d’argent…

La suite dans la revue XXI, n°20

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