Carnet de route "Palestiniens, par delà les murs"
dans l’émission "Un dromadaire sur l’épaule" animée par Cyril Depraz.
Noà« l 2008. En cette période de fêtes, les Palestiniens de Cisjordanie inquiets ont le regard tourné vers Gaza. Pour tous, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, le quotidien reste précaire, barré par l’occupation militaire et les murs. A Ramallah, Taybeh et Naplouse, ils témoignent des multiples visages de la résistance. Les idées ne manquent pas. Un curé prône la non-violence et l’éco-développement, des jeunes s’engagent dans l’action cuturelle, le rap ou cirque. Mais à partir du 27 décembre, avec le début de l’opération israélienne à Gaza, il n’est plus question de fêtes. L’heure est au deuil et à la colère. Avant de repenser l’avenir.
Un reportage d’Anne Brunswic, écrivain et journaliste, auteure de Bienvenue en Palestine, chroniques d’une saison à Ramallah (éd. Actes-Sud/Babel).
lundi 9 février : Noà« l en Terre Sainte.
Veille de Noà« l dans le petit village chrétien de Taybeh, 30 kms au nord est de Jérusalem. Dans sa brasserie fondée en 1994, Nadym Khoury prépare l’expédition de quelques milliers de bouteilles au Japon. Malgré des transports souvent bloqués, l’entreprise familiale se développe rapidement. Le curé de la paroisse, le père Raed Abou Sahlieh, lui aussi, se préoccupe, de développement économique, mais en misant sur le commerce équitable d’huile d’olive et de produits dérivés. Messe de Noà« l à l’église latine de Ramallah. Dans cette ville o๠ils étaient naguère majoritaires, les chrétiens (malgré leurs divisions séculaires) demeurent influents, dans les affaires comme en politique.
Invités Aude Marcovitch, correspondante de la RSR en Israà« l et Benjamin Barthes, correspondant de la RSR en Palestine
mardi 10 février : Henriette, une vie à Ramallah
Née à Ramallah dans une famille chrétienne, Henriette Khoury, 57 ans, a grandi dans une société mélangée o๠chrétiens et musulmans partageaient les bancs de l’école et les fêtes. Sa vie s’est déroulée entre Ramallah et Jérusalem. Naguère, en vingt minutes elle se rendait à son travail o๠elle cotoyait des collègues et amis juifs. Avec le mur, ses liens avec Jérusalem ont été brutalement coupés ; désormais il lui faut un permis exceptionnel pour franchir le check point.
A lire, les mémoires de son mari Hassan Sharif Jaubeh dit Abu Ali (1943-2005), Le vagin du scorpion, mémoires d’un résistant palestinien, éd. L’Esprit des péninsules (2001).
mercredi 11 février : Naplouse, regards vers l’avenir
Fief de la résistance à l’occupation (du « terrorisme » disent les Israéliens), Naplouse, grande ville commerçante et universitaire, vit en état de siège depuis 2002. Rencontrés dans la Vieille Ville qui porte encore les cicatrices de beaucoup d’affrontements, deux jeunes gens de 26 ans, Naïm et Mahmoud, se proposent comme guides. Ingénieur, Naïm travaille à présent en Angola mais songe à prendre épouse en Palestine. Son ami Mahmoud, clown et acrobate, a créé pour les enfants de l’intifada une école de cirque.
Invitée Rania Madi, née à Ramallah, il y a 45 ans, Elle vit en Suisse depuis 20 ans. Rania Madi a une formation juridique, travaille à l’AVIVO, l’Association de défense et de détente de tous les retraités et futurs retraités.
Responsable à Genève et représentante auprès des Nations-Unies de BADIL (alternative en arabe), ONG basée à Bethlehem, fondée en 1995, qui s’occupe des droits des réfugiés palestiniens internes et externes.
jeudi 12 février : Ramallah, la vie quand même
Aref, 55 ans, exerçait comme son père le métier de technicien en électronique. En autodidacte passionné, il a appris quatre ou cinq langues et travaille maintenant au centre culturel franco-allemand : une manière pour lui de voir plus loin, par delà les murs qui enferment le quotidien. Basel, musicien de 25 ans, a créé avec des amis artistes ramallahunderground.com, un site dédié au rap et à la création vidéo. Gràçce à l’internet, ce groupe libre et indépendant est en train de conquérir une place dans la culture des jeunes Arabes du Moyen-Orient.
Ramallah underground, groupe trip hop
Le centre culturel franco-allemand de Ramallah
Invité Farouk Mardam-Bey, écrivain, éditeur, directeur de la collection Sinbad chez Actes Sud. Il est également directeur de publication de La Revue d’études palestiniennes et conseiller culturel à l’Institut du monde arabe (Paris). Auteur notamment de : àŠtre arabe, Farouk Mardam-Bey et Elias Sanbar, Editions Sindbad 2005.
Deux livres importants pour entrer dans la littérature palestinienne :
Je serai parmi les amandiers d’Hussein Al-Barghouti, Editions Actes Sud 2008.
Ma cousine Condoleezza, Mahmoud Shukair, Actes Sud 2008.
vendredi 13 février : L’humour et l’amour aident à résister.
En Cisjordanie, on suit minute par minute sur le petit écran l’opération israélienne à Gaza. Beaucoup se précipitent dans les hôpitaux pour donner leur sang. Et dans les rues de Ramallah, jour après jour, les manifestations de deuil et de colère se succèdent. « Aucune femme n’a le coeur de se faire belle en ce moment », commente avec humour Yelena dans son petit salon de beauté soudain déserté. Née à Kiev, mariée à un Palestinien et mère de trois enfants, Yelena vit à Ramallah depuis quinze ans. En dépit d’une vie quotidienne souvent chaotique, elle y reste. « Par amour » dit-elle.
Invité Nicolas Wadimoff, réalisateur suisse, directeur de "Akka films" Auteur notamment, avec la journaliste Béatrice Guélpa, d’un documentaire sur l’Initiative de Genève, L’Accord, 2005. Nicolas Wadimoff part la semaine prochaine pour Gaza o๠il va réaliser un film, mandaté par une Fondation basée à Doha au Qatar. A découvrir : Summer 2006 in Palestine : regard de cinéaste, il s’agit d’un DVD de 15 courts-métrages de 3 minutes de jeunes cinéastes palestiniens.
Pour voir les photos de ce reportage prises par Anaïs Laurenceau-Brunswic